Mais… Pourquoi Babouk ?
Ah … La babouk!…ou le babouk !?
Le nom « Babouk », pour la grande partie des Réunionnais désigne l’araignée d’allure svelte qui ne construit pas de toile.
Elle est de couleur tirant du gris au brun voir jaunâtre ou rougeâtre, possède un abdomen réduit par rapport à la longueur de ces pattes. La babouk se caractérise par sa grande vivacité, agilité et rapidité dans ces déplacements lorsqu’elle est dérangée.
Elle est a l’antipode de l’araignée qui est scotchée sur sa toile dans les arbres, au corps allongé et de longues pattes, le tout de couleur noir et jaune, le plus souvent. D’environ 7 à 9 cm, celle-ci tisse des toiles de couleur jaune dont les dimensions impressionnent parfois, grâce à la résistance record de leur fils.
Elle ne chasse pas, elle joue de prouesses techniques et d’ingénierie pour édifier son immense toile, pour se poster en plein centre de celle-ci en attendant immobile, sa prochaine proie.
Bien au contraire, le Babouk et/ou la babouk, se déplace dans son environnement, c’est une chasseuse à l’affût.
Il peut arriver… qu’elle ou il, s’introduise dans nos maisons durant la soirée surtout en été, attirée par les proies potentielles elles-mêmes attirées par la lumière des nos éclairages intérieurs, telles que papillons de nuit, moustiques, cafards, et autres insectes nocturnes volants.
La babouk peut évoluer aussi bien au sol, aux murs, qu’aux plafonds. A contrario de son abdomen plutôt réduit, ce sont ses longues pattes effilées qui lui confèrent cette allure légère et sa taille générale pouvant atteindre 10 cm environ. Ses pattes presque toujours étalées de tous leur long, elle se tient très basse sur celles-ci.
La babouk peut se déplacer très lentement comme très rapidement, ses huit pattes sont littéralement de petites merveilles de « technologie ». Grâce à l’afflux de sang dans les pattes, pulsé par le cœur, elles agissent comme de véritables vérins hydrauliques qui peuvent s’allonger et se rétracter légèrement en cas de sollicitations extrêmes, lorsqu’elle chasse par exemple.
S’il y a bien une bestiole qui ne laisse pas indifférents les habitants et touristes de nos 2 îles sœurs c’est bien la Babouk.
Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est bien un animal qui connaît la controverse, car certains y sont insensibles alors que d’autres seront marqués à jamais par sa rencontre qui peut provoquer surprise, stupeur, cris et/ou panique générale pour beaucoup d’entre nous selon notre degré d’arachnophobie.
Bien que la rencontre de babouk se fasse assez rarement, nous sommes quand même nombreux à l’avoir déjà croisé pour … « le pire ou le meilleur ».
Nous cherchions un emblème d’animal pour notre marque qui, nous rattacherait fortement à l’île Maurice et à l’île de la Réunion. Or, la babouk vit communément sur les deux îles.
Cela n’est pas évident de prendre pour emblème d’une marque de vêtement un animal sujet de phobie chez l’être humain.
A ce titre, nous avons longtemps hésité…lorsque je vous dis longtemps c’est longtemps, même très longtemps. C’est depuis l’année 1988 que l’idée de cette marque m’est survenue alors que j’étais encore lycéen, il s’est passé 35 ans avant que je décide de relever ce défi.
La babouk est pour nous la véritable icône emblématique de l’île de la Réunion, car on est pas loin de la vérité en disant qu’il n’existe pas une seule case, ou foyer, qui n’ait pas été « hantée », ou terrorisé par une babouk en journée ou même au beau milieu de la nuit parfois.
Qu’on le veuille ou non, ou que nous en aillons peur ou non, elle nous est familière, et fait partie de nos jardins, terrasse, cellier, ou encore garages et autre débarras (la liste est non exhaustive).
Malgré sa réputation redoutable, elle reste absolument inoffensive pour l’Homme, et c’est bien là, la raison pour laquelle nous avons quand même fais le choix de la garder comme emblème de notre marque.
Car ironie du sort, … en réalité,… c’est la bestiole qui est fragile face à nous. Elle possède bien un venin mais celui-ci n’est pas mortel pour l’homme. La force de son venin ne lui permet que de terrasser uniquement ses proies habituelles.
Lors de chaque confrontation avec elle, c’est elle qui est la plus apeurée, et cherche toujours à se cacher ou s’enfuir rapidement par là où son instinct la guide, car nous l’écraserions d’un revers de la main si nous le voulions.
En toute logique le combat est disproportionnellement déséquilibré entre elle et nous, …mais pourtant,… il est toujours coquasse d’assister à une scène de rencontre d’un des membres de notre famille, ou amis, être surpris et sursauter à cause d’une babouk qui est arrivée un peu trop près et se fait repérer qu’au dernier moment.
Cris de frayeur accompagné de sueur froide pour les uns, et éclats de rires pour les autres se délectant d’une situation pour le moins comique de par l’inversion du rôle de la victime.
La pauvre bestiole n’a pour seul tort que d’être là,… là ou on ne l’attend pas et quand on s’y attend le moins… c’est toujours comme ça me dirait vous !
Les réactions peuvent être démesurées, notre cœur peut monter d’un coup à régime élevé, puis s’en suit parfois une décharge d’adrénaline lorsqu’on réalise que le danger n’est pas si réel et la tension redescend petit à petit.
Le plus comique c’est la tendance à l’exagération chez certain lors ou après une rencontre.
Je me souviens d’une collègue de travail, J’ai nommé ma copine Aline. Un jour alors que j’étais tranquillement assis dans le réfectoire du collège où je travaillais comme Surveillant durant mon service civique (militaire)… lors de la pause café j’entendis Aline hurler dans la cuisine d’où elle préparait le café qu’on partageait chaque matin. Elle courut vers moi, horrifiée, rouge comme une tomate, en me disant :
« Oté ! Joy ! N’a in babouk la bad’dan, …alala la grossère ! S’exclame t-elle toute paniquée en me faisant un signe des deux mains décrivant un cercle d’environ 20 cm de diamètre.
– Nooonnn, ou rigole ?! A ! Ou exagère, mi kroi pa ou!!lui répondis-je.
– Si !! mi jur a ou !!! vien ta woar !!! ».
Face à ma réticence elle agrippa mon bras et m’entraîna dans la cuisine pour me demander de la zigouiller : « Tue-la, tue-la, tue-la… » vociféra t-elle dans une envolée hystérique.
La babouk était belle et bien là, non loin au-dessus de la cafetière sur le mur. C’était en effet une belle bête qui se tenait immobile sur les carreaux de faïence blanc de la salle de préparation des repas.
Mais de là à dire qu’elle faisait 20 cm de diamètre, il faut bien admettre qu’il faut être dans un état où vous manquez forcément de discernement.
Tout compte fait, la babouk affichait un bon 9 à 10 cm de diamètre, le brun foncé de son corps contrastait magnifiquement sur le blanc immaculé de la faïence. Il est vrai que nous pouvons parfois être trompés par l’ombre portée de la bête sur le mur dû aux plafonniers de la pièce, ce qui peut créer l’illusion que l’araignée est un peu plus grosse qu’elle ne l’est réellement.
Pour finir mon histoire sachez que j’ai dû m’employer à exfiltrer la bête vers l’extérieur du bâtiment à l’aide d’un balai pour qu’Aline ne daigne rentrer à nouveau dans la pièce et nous faire couler notre café quotidien.
La Babouk, on l’aime ou on la déteste
C’est donc décidé…nous l’adoptons à l’unanimité et sommes prêt à relever le défi.
Personnellement j’en avais une légère phobie lorsque j’étais gamin, et je devais absolument l’écraser pour être tranquille.
Ce n’est pas tant que j’en ai absolument peur mais c’est que je ne supporte pas l’idée qu’elle puisse me marcher dessus, impressionné par ses poils, ses huit yeux et huit pattes, sans parler de son fil dont le contact me procure une sensation très désagréable.
Pourtant elle me fascine, si gracieuse et disgracieuse à la fois, si terrible et si fragile, elle a su se faire accepter de moi dans mon environnement domestique, et lorsque j’en croise une dans mon logement je m’arrange toujours pour la faire fuir vers l’extérieur en veillant de ne pas la blesser.
La particularité « attachante » de cette araignée est que les femelles qui ont donné naissance à des petits les portent sous son abdomen dans une sorte « d’œuf » ou sac de forme circulaire qui semble être fabriqué de leur fil. Ce cocon peut contenir plusieurs dizaines de progénitures qu’elle colporte là où elle va.
C’est bien pour cela que l’on ne doit pas écraser une babouk femelle portant cette pochette blanche sous le corps, au péril de voir une multitude de bébés babouk s’éparpiller partout dans la maison.
Résultat vous en écrasez une et vous en récoltez des dizaines plus tard.
C’est pour cela que nous arguons aujourd’hui : « don’t kill the babouk ! ».
